Le rôle d’une doula : un soutien essentiel au-delà du médical (avant, pendant, après)
La grossesse et l’accouchement sont des moments de transformation profonds, mais aussi des périodes de grande vulnérabilité et de questionnement. Dans un parcours de soin souvent très médicalisé, une figure émerge de plus en plus : la doula.
Ni sage-femme, ni médecin, la doula n’est pas une professionnelle de la santé. Elle est une accompagnante. Son rôle est d’offrir un soutien continu, exclusivement non-médical, centré sur l’humain et l’émotionnel. Elle est là pour la mère, le couple, la famille.
Pour comprendre sa place essentielle, il faut la suivre à travers les trois grandes étapes de la maternité : avant, pendant et après la naissance.
Qu’est-ce qu’une doula (et ce qu’elle n’est pas) ?
Le mot « doula » vient du grec ancien et signifie « servante ». Aujourd’hui, il désigne une femme (parfois un homme) formée pour accompagner une autre femme et sa famille durant la grossesse, l’accouchement et la période post-partum.
Ce que la doula n’est PAS :
Il est crucial de comprendre cette distinction pour éviter toute confusion :
- Elle n’est pas une professionnelle de la santé : Elle ne pose aucun diagnostic, ne fait aucun examen (pas de monitoring, pas de toucher vaginal), ne prescrit rien et ne se substitue jamais à la sage-femme ou au médecin.
- Elle ne remplace pas le co-parent : Au contraire, elle est aussi là pour le soutenir, lui donner confiance en sa place et lui permettre de vivre l’événement sans avoir la pression de « tout savoir faire ».
- Elle ne prend pas de décision : Elle ne parle jamais « à la place » des parents. Elle leur donne l’information pour qu’ils puissent prendre leurs propres décisions, éclairées.
Son rôle est celui d’une gardienne de l’espace émotionnel des parents.
1. L’accompagnement AVANT la naissance : Préparer son nid
Le travail de la doula commence bien avant le jour J. Ces rencontres prénatales servent à bâtir un lien de confiance fondamental.
- L’écoute active : C’est un espace de parole libre, sans jugement. La future mère peut y déposer ses peurs (de la douleur, de l’hôpital, de ne pas être à la hauteur), ses doutes, mais aussi ses joies et ses espoirs.
- Le soutien informationnel : La doula aide les parents à s’informer sur leurs options. Qu’est-ce qu’une péridurale ? Quelles sont les alternatives ? Quelles sont les différentes positions pour accoucher ? Elle ne donne pas son avis, elle donne des ressources.
- La rédaction du « Projet de Naissance » : C’est un outil central. La doula aide les parents à clarifier leurs souhaits pour l’accouchement (lumière tamisée, musique, mobilité, accueil du bébé…). Elle les aide à formuler ces souhaits de manière constructive pour l’équipe médicale.
- La préparation du co-parent : Elle valorise le rôle du partenaire, lui montre des gestes de confort (massages, points de pression) et le rassure sur sa capacité à être un soutien actif.
2. Le soutien PENDANT l’accouchement : La présence continue
C’est peut-être là que son rôle est le plus visible. La caractéristique principale de la doula est sa présence continue.
Contrairement au personnel médical qui gère plusieurs patientes ou change d’équipe, la doula (sauf exception) reste avec le couple du début à la fin du travail, peu importe le temps que cela prend.
- Soutien physique : Elle propose des outils concrets pour gérer la douleur : massages, contre-pressions sur le sacrum, application de chaud ou de froid, aide à changer de position, techniques de respiration, hydratation…
- Soutien émotionnel : Elle est un phare de calme. Elle encourage, rassure, murmure des mots de confiance (« Tu le fais », « C’est la bonne vague », « Écoute ton corps »). Sa seule présence apaise.
- Gardienne de l’intimité : Elle aide à créer une « bulle » pour le couple (baisser les lumières, demander à ce qu’on parle bas) pour favoriser la production d’ocytocine, l’hormone de l’accouchement.
- Facilitatrice de communication : Si les parents se sentent dépassés, elle peut les aider à poser les bonnes questions à l’équipe médicale (« Pouvons-nous avoir un moment pour réfléchir ? ») ou reformuler les termes médicaux pour les rendre compréhensibles.
3. L’accompagnement APRÈS la naissance : Soutenir le « Mois d’Or »
L’arrivée du bébé est un bouleversement. Le « quatrième trimestre » ou « mois d’or » est une période intense où la doula joue un rôle vital de « mothering the mother » (materner la mère).
- Le débriefing de l’accouchement : Elle offre un espace pour raconter la naissance. Revivre l’événement, mettre des mots sur les émotions ressenties (joie, peur, déception parfois) est essentiel pour l’intégrer.
- Le soutien pratique : Elle peut venir au domicile pour une présence rassurante. Cela peut être tenir le bébé pour que la mère puisse prendre une douche, préparer une collation, aider pour les premiers bains ou simplement s’asseoir et écouter.
- Le soutien à l’allaitement (ou au biberon) : Elle offre un soutien de base pour les premières mises au sein, l’observation d’une tétée, et sait référer à une consultante en lactation (IBCLC) si un problème plus complexe survient.
- La vigie émotionnelle : Elle est attentive aux signes de fatigue ou de détresse (baby blues, dépression post-partum) et peut orienter les parents vers les ressources adaptées (médecin, psychologue…).
Conclusion : Un soutien complémentaire, pas alternatif
Faire appel à une doula ne signifie pas rejeter le système médical. Au contraire, c’est ajouter une corde à son arc.
Des études (notamment la revue Cochrane, une référence mondiale) ont montré que la présence continue d’une accompagnante formée améliore l’expérience de l’accouchement : elle est associée à des taux plus faibles de césariennes, une utilisation moindre de la péridurale et, surtout, un sentiment de satisfaction et de compétence accru chez les mères.
La doula est cet allié qui ne regarde pas le moniteur, mais qui regarde la mère dans les yeux. Elle est le rappel constant que, même dans l’acte le plus technique, la naissance reste avant tout un événement profondément humain.
« Pour aller plus loin » (Sources et Références)
- Association Doulas de France (DDF) : L’annuaire officiel et la charte déontologique de la profession en France. C’est la référence pour trouver une doula formée.
- Étude Cochrane (2017) : « Continuous support for women during childbirth ». Cette méta-analyse scientifique est la source la plus citée sur les bienfaits prouvés de l’accompagnement par une doula.
- Cet article a pour but d’informer et ne se substitue en aucun cas à un suivi médical. Une doula ne remplace pas le suivi de grossesse et d’accouchement par une sage-femme ou un médecin.