Musicothérapie active vs. réceptive : quelle approche pour quels bienfaits ?
Le pouvoir de la musique sur nos émotions est une évidence. Une chanson peut nous donner de l’énergie, une autre nous plonger dans la mélancolie. La musicothérapie va bien au-delà : elle utilise la musique et le son comme des outils cliniques, dans un cadre thérapeutique, pour améliorer la santé physique, psychique et émotionnelle.
Pour cela, le musicothérapeute dispose de deux grands « modes » d’intervention : l’approche active et l’approche réceptive. Comprendre leur différence est essentiel pour savoir ce que cette thérapie peut vous apporter.
1. La Musicothérapie Réceptive (l’Écoute) : Laisser la musique « faire »
Comme son nom l’indique, cette approche est basée sur l’écoute. Le patient est « réceptif » : il reçoit la musique ou les sons.
Attention : il ne s’agit pas d’écouter une playlist Spotify relaxante. C’est un processus thérapeutique guidé.
- Comment ça se passe ?Le patient est confortablement installé (assis ou allongé). Le thérapeute, après un temps d’échange, va sélectionner et diffuser des extraits musicaux (ou parfois jouer en direct). Ces extraits sont choisis spécifiquement pour leur structure, leur rythme et leur capacité à induire un état précis (relaxation, stimulation, introspection).
- Votre rôle en tant que patient : Bien que vous soyez immobile, votre travail est intense. Il s’agit de vous laisser traverser par les sons, d’observer les émotions, les images mentales ou les souvenirs qui émergent, sans les juger.
- Le rôle du thérapeute : Il est votre « guide ». Il prépare la « séquence musicale », vous accompagne pendant l’écoute et, surtout, vous aide à mettre des mots sur ce que vous avez ressenti après la séance.
Pour quels bienfaits ?
L’approche réceptive est particulièrement puissante pour :
- La gestion du stress et de l’anxiété : Elle permet d’atteindre des états de relaxation profonde et de calmer le système nerveux.
- La gestion de la douleur : En détournant l’attention et en modifiant la perception de la douleur, elle est très utilisée en milieu hospitalier (ex: soins palliatifs, pré-opératoire).
- Faire émerger des émotions : La musique agit comme un « ouvre-boîte » émotionnel, permettant d’accéder à des sentiments enfouis ou difficiles à verbaliser.
- Stimuler la mémoire : C’est un outil formidable avec les personnes âgées ou atteintes de la maladie d’Alzheimer, la musique pouvant raviver des souvenirs très anciens.
2. La Musicothérapie Active (la Pratique) : S’exprimer « en faisant »
Ici, le paradigme est inversé. Le patient n’est plus auditeur, il est créateur. Il devient musicien.
Et le mythe à briser tout de suite : Il n’y a AUCUN besoin de savoir jouer d’un instrument ou de connaître la musique.
- Comment ça se passe ?Le thérapeute met à disposition des instruments simples d’utilisation (percussions, xylophones, piano, cordes…) ou utilise l’outil le plus simple : la voix. La séance est souvent basée sur l’improvisation.
- Votre rôle en tant que patient : Vous jouez. Vous tapez un rythme, vous chantez une voyelle, vous créez un dialogue sonore avec le thérapeute. L’objectif n’est pas de « faire beau », mais de « faire vrai » : de laisser sortir une émotion (colère, joie, tristesse) à travers le son.
- Le rôle du thérapeute : Il crée un cadre de jeu sécurisant. Il vous accompagne, vous donne un rythme sur lequel vous appuyer, ou « reçoit » musicalement ce que vous exprimez. Il est un partenaire de jeu qui vous aide à canaliser votre expression.
Pour quels bienfaits ?
L’approche active est privilégiée pour :
- L’expression des émotions non verbales : Quand les mots manquent, taper sur un tambour peut exprimer une colère qu’on n’ose pas dire.
- Le renforcement de l’estime de soi : Le simple fait de « créer » quelque chose, d’être l’auteur d’un son, est incroyablement valorisant.
- Le développement de la communication : C’est un outil majeur chez les enfants ou les personnes atteintes de troubles du spectre autistique. Le « dialogue » musical permet de créer un lien là où la parole est difficile.
- La motricité et la rééducation : Jouer d’un instrument fait travailler la coordination, le rythme, la motricité fine. C’est utilisé en rééducation (post-AVC, Parkinson).
Tableau Récapitulatif : Active vs. Réceptive
| Critère | Musicothérapie Active | Musicothérapie Réceptive |
| Votre Rôle | Créer, jouer, s’exprimer | Écouter, recevoir, ressentir |
| Outil Principal | Instruments, Voix | Écoute (musique enregistrée ou live) |
| Objectif Clé | Expression, Communication | Relaxation, Introspection |
| Focus Thérapeutique | L’expression de soi | L’impact de la musique sur soi |
| Mots-clés | Faire, Agir, Communiquer | Ressentir, Lâcher prise, Se souvenir |
Conclusion : L’une ou l’autre, ou les deux ?
Dans la pratique, la frontière est souvent poreuse. Un bon musicothérapeute saura naviguer entre les deux approches, parfois au sein d’une même séance.
Une séance peut commencer en réceptif (écouter un morceau pour apaiser l’anxiété) et se terminer en actif (proposer au patient de taper sur un tambour le rythme de son stress résiduel).
Le choix dépend de vous, de vos besoins du moment et des objectifs thérapeutiques. La musique, qu’on la joue ou qu’on l’écoute, devient alors un pont direct vers soi-même.
Pour aller plus loin » (Sources et Références)
- Fédération Française de Musicothérapie (FFM) : L’organisme de référence pour s’informer sur la profession, la déontologie et trouver un musicothérapeute certifié.
- Recherches scientifiques : De nombreuses études, notamment en neurosciences, explorent l’impact de la musicothérapie sur le cerveau (gestion de la douleur, Parkinson, autisme).
- Cet article a pour but d’informer. La musicothérapie est une pratique clinique qui doit être encadrée par un professionnel formé et certifié.